Introduction, par le Dr Lecornet-Sokol

Aspects scientifiques

La musique est un bienfait pour l’homme, du bébé au sujet âgé, dans l’ensemble des groupes sociaux, et dans toutes les civilisations.

Depuis une douzaine d’années, il existe un champ de recherche très riche qui prouve un lien entre musique et neurosciences.

Le traitement de la musique par le cerveau implique de multiples régions :

  • Le nerf auditif amène au noyau cochléaire puis vers les aires auditives du cortex temporal.
  • L’écoute d’une musique connue implique les régions de la mémoire, comme l’hippocampe et le cortex.
  • En battant la mesure avec le pied ou en tapant dans les mains, on active la synchronisation temporelle entre cervelet, cortex moteur et cortex frontal.
  • En inventant une musique, on met en jeu cortex frontal et temporal.
  • En écoutant une musique, on active les zones du langage.
  • Les émotions ressenties font participer l’amygdale et le cortex orbito-frontal.

L’imagerie cérébrale des musiciens montre une réorganisation du cerveau, notamment au niveau des aires motrices, du corps calleux et du cervelet ; on observe aussi une activation des aires du langage. Ces modifications peuvent se voir même en simple situation d’écoute, sans forcément une pratique intense. Il s’agit d’une des multiples preuves que la musique est un facteur de plasticité cérébrale.

Quels bénéfices ont été démontrés chez des enfants présentant des troubles neuropsychologiques ?

Avantages cognitifs

Apprendre à jouer de la musique améliore les fonctions corporelles dites « exécutives », comme la précision des mouvements. En pratiquant la musique, on acquiert certes une habileté des gestes, mais on devient surtout capable de mieux les planifier. Il faut anticiper sur les notes à venir, les prochains mouvements des mains. Cela permet de travailler la motricité fine, l’utilisation de la pince, le positionnement des doigts, le tonus et la coordination œil-main.

Plusieurs sens sont stimulés : ouïe, mais aussi vue et toucher, ce qui permet de favoriser le travail de mémorisation, comme cela a été démontré dans de nombreuses méthodes pédagogiques (Montessori…). Bien sûr la répétition permet aussi de favoriser la mémorisation, et notamment son organisation.

Paroles et langage

Les réseaux neuronaux impliqués dans la réception du chant et de la parole sont distincts dans le cerveau. La zone qui repère le chant est plus vaste et mobilise les deux hémisphères. Cela est donc un moyen de travailler le langage.

Interactions sociales

La musique améliore les interactions sociales de 2 manières : d’une part, chanter en rythme avec une ou plusieurs personnes permet de créer une relation et de se synchroniser avec un groupe, compétence particulièrement difficile dans les troubles sociaux. D’autre part, l’apprentissage du chant nécessite de capter l’attention et de créer une relation de confiance. Cela passe par l’imitation, l’échange de conseils, des encouragements, enrichissant les relations à l’autre.

Propriétés mathématiques

La musique utilise des symboles, des rythmes ; il est nécessaire de compter, de suivre des paternes répétitifs, qui se rapprochent du langage mathématique.

Concentration et attention

La pratique de la musique facilite la concentration. Un sujet qui apprécie cette activité va facilement mobiliser son attention, d’autant plus que l’apprentissage sera bien structuré.

Enfin chanter ou jouer seul, permet d’acquérir de l’autonomie, d’améliorer la confiance en soi et l’estime de soi.

Dans l’autisme, la musique améliore la compréhension du langage, encourage le désir de communiquer, rend possible l’expression personnelle, diminue les paroles non communicantes et réduit les écholalies.

Références :

  • Les bienfaits de la musique sur le cerveau, Emmanuel BIGAND (dir.), éd. Belin/Humensis, 2018
  • Apprendre la musique. Nouvelles des neurosciences, Isabelle PERETZ, éd. Odile Jacob, 2018
  • Music improves social communication and auditory–motor connectivity in children with autism, Megha Sharda et alii, Translational Psychiatry, 2018, 8, art. 231
  • Can music therapy improve social interaction and verbal communication in individuals with autism spectrum disorder ?, TyWanda McLaurin-Jones et alii, 2017